L’Œil de...
Patrick Talbot
18 h 30 – 20 h
Cette exposition se déploie et serpente entre quelques artistes n’appartenant à aucune école et pas davantage à un groupe. La première question consiste donc à essayer de comprendre ce qui peut éventuellement les rassembler ou bien les relier — à moins que certains n’imposent une singularité non négociable ? Ils sont cependant tous affiliés à un rapport à la peinture, et ce rapport est pour chacun d’entre eux profondément singulier.
Le texte de présentation donne dès les premières lignes quelques clés : il est question de la lumière, du rapport des artistes à la Méditerranée qualifiée de « terre d’expérimentation », du modernisme et du postmodernisme. Un peu plus loin dans le texte, le « soleil chaud » est identifié au modernisme à son apogée tandis quele « soleil tardif » serait celui du postmodernisme. Quant au « soleil absolu », celui de la « chaleur ardente », il est personnifié par la « boule » de Calder et le quatrième soleil, « aplani » par le poids du monde, se révèle dans les oeuvres d’Etel Adnan, peintures du mont Tamalpais, partagées entre les rives de la Méditerranée et celles du Pacifique.
Il faudra donc vérifier les hypothèses. Chacun sait ce qu’il en est du rapport entre Monticelli et Van Gogh, mais celui qui existe entre Monticelli et Picasso relève d’une influence moins flagrante ;quant à celle associant Van Gogh à Jean-François Millet, elle est avérée, mais que faut-il en penser ?
Tournant autour de ce noyau solaire, les oeuvres des autres artistes de l’exposition doivent être envisagées comme originaires de planètes plus ou moins distantes de l’astre central, émettant chacune sur leur orbite des signaux lumineux distincts qui peuvent éventuellement être décryptés et soumis au jugement du cinquième avatar du soleil « cosmique » : le dieu Sun Ra.
Patrick Talbot est historien et ancien directeur de trois écoles nationales d’art françaises dont l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Il a été conseiller culturel auprès des ambassades de France aux États-Unis et en Italie. Il est aujourd’hui membre de l’AICA (Association Internationale des Critiques d’Art) et président de l’association « Les Suds à Arles ».