L’Œil de...
Pierre Parlant
18 h 30 – 20 h
De qui, pour qui la « vie simple » ?
Célébrer un état primordial, renouer avec ce qui semble avoir été délaissé pour notre plus grand malheur sont les caractéristiques d’une passion aussi commune que grevée d’illusions, celle des origines. Une passion qui se déploie sur le mode d’une nostalgie paradoxale, puisqu’elle oriente le désir vers ce qui, de n’avoir jamais existé, ne saurait être retrouvé. À ceci près que désirer l’innocence n’est jamais innocent.
Cette passion est en effet opératoire, voire même salutaire. On se souvient ici des mots de Gauguin : « Depuis que j’ai connu la vie simple d’Océanie, je ne songe qu’à me retirer loin des hommes, par conséquent loin de la gloire : aussitôt que possible j’irai enfouir mon talent chez les sauvages et on n’entendra plus parler de moi. » (à Schuffenecker, 26 juillet 1894, Pont-Aven) Mais que recouvre cette idée de « vie simple » ? Et, par-delà les lieux communs qu’elle convoque, de quel droit l’invoquer ? Enveloppe-t-elle une promesse ou l’effet d’un symptôme ? C’est à l’examen de ces questions que sera consacrée la première séance de l’intervention que nous proposons, laquelle se poursuivra, une semaine plus tard, par une visite de l’exposition.
Poète, écrivain, agrégé de philosophie, Pierre Parlant a fondé et dirigé la revue de littérature et de philosophie Hiems de 1997 à 2003. Lauréat de la Mission Stendhal en 2010 (Nouveau-Mexique et Arizona, sur les traces d’Aby Warburg en pays Hopi). Résidence d’écriture à Beyrouth en 2015. Séminaire de traduction IMPORT/EXPORT Marseille/Séoul (CipM, 2016).