BIOGRAPHIE
Sigmar Polke
Sigmar Polke naît en 1941 à Oels, en Silésie allemande (aujourd’hui Olesnica en Pologne) et grandit en Allemagne de l’Est. En 1953, alors qu’il a douze ans, sa famille fuit le régime de la RDA et passe en Allemagne de l’Ouest. Après avoir vécu à Berlin, il s’installe à Düsseldorf où il entre en apprentissage en 1959 dans un atelier de vitrail en tant que peintre sur verre. Il intègre la Düsseldorf Kunstakademie en 1961 où son travail s’oriente autour de procédés créatifs mêlant peinture et points de trame des visuels de journaux qu’il reprend à la main artisanalement. Il utilise l’expérience première de la chambre noire et de la manipulation de la chimie photographique dans une volonté de renouveler l’acte de peindre.
C’est à cette même époque qu’il fonde avec Gerhard Richter, Manfred Kuttner et Konrad Lueg le mouvement Kapitalistischer Realismus (« réalisme capitaliste ») qui, dans une forme de contrepoint au réalisme socialiste, et en réponse au pop art comme aux élans consuméristes du marché de l’art, propose une approche critique caricaturale des valeurs communistes et capitalistes.
Polke consacre les années 1970 aux voyages et produit de nombreuses images documentant ses déplacements, notamment au Pakistan et en Afghanistan. Dès 1977 (et jusqu’en 1991), il enseigne aux Beaux-Arts de Hambourg. Il poursuit ses voyages, et c’est à l’issue de son séjour en Nouvelle-Guinée et en Asie du Sud-Est, dans les années 1980, qu’il applique pour la première fois sur ses tableaux des pigments artificiels, qu’il mêle à des produits issus de la chimie industrielle comme l’huile ou l’essence de manière à les faire interagir, mais aussi des pierres semi-précieuses finement broyées comme le lapis-lazuli ou la malachite. Les résonances et référents d’un art médiéval, renaissant ou baroque par le biais de la chimie et de l’alchimie sont depuis toujours parmi ses centres d’intérêt. Son approche caractéristique, mêlée à la fois de science dure et de magie, vise à magnifier les matières par leurs interactions, offrant des paysages certes abstraits mais toujours changeants dans une appréhension contemporaine d’un sfumato du Quattrocento.
Par leurs interrogations plastiques, par l’usage de supports transparents ou opaques, par la volonté de flouter la vision dans une tentative continue d’éblouissement solaire et par une abstraction figurative, le travail de Polke affecte et décale le regard ; il oblige le spectateur à se concentrer sur sa production afin de pouvoir l’appréhender. Polke reste l’un des rares à se poser la question essentielle de savoir ce qu’il reste dorénavant du « support peinture » au XXe siècle. La toile comme espace de confrontation et d’expérimentation répond à un modus operandi où il s’agit d’identifier et de libérer « la propre force vitale d’un matériau donné » (Bice Curiger). Dès 1972 il expose plusieurs fois à la documenta et, alors qu’il n’a que trente-trois ans, une rétrospective lui est consacrée à Eindhoven, Tübingen et Düsseldorf. Le Lion d’or de la Biennale de Venise lui est attribué en 1986 et, en 1990, une grande présentation itinérante de son œuvre est organisée aux États-Unis. En 2010, à Zurich, le prix de la Fondation Roswitha Ha¡mann lui est décerné. Il meurt cette même année à Cologne où il résidait.
Précédentes expositions (sélection)
2016
« Sigmar Polke », Palazzo Grassi, Venise (Italie)
2015
« Alibis: Sigmar Polke 1963-2010 », Tate Modern, Londres (Royaume-Uni)
« Alibis: Sigmar Polke. Retrospective », Museum Ludwig, Cologne (Allemagne)
2014
« Alibis: Sigmar Polke 1963-2010 », MoMA, New York (États-Unis)
« Sigmar Polke », musée de Grenoble, Grenoble (France)
2005
« Sigmar Polke, Works & Days », Kunsthaus Zürich, Zurich (Suisse)
1994
« Sigmar Polke », Carré d’Art, Nîmes (France)