Ouvert aujourd’hui de 10 h à 18 h
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Exposition inaugurale

Van Gogh Live / Van Gogh – Couleurs du Nord, couleurs du Sud

ven. 4 avr. – 31 août 2014

« VAN GOGH LIVE ! » est le titre de l’exposition d’ouverture de la Fondation Vincent van Gogh Arles. Elle présente d’une part « Couleurs du Nord, Couleurs du Sud », la première d’une série d’expositions prévues sur Van Gogh, dont le commissariat a été confié à Sjraar van Heugten, et d’autre part des contributions de Guillaume Bruère, Raphael Hefti, Thomas Hirschhorn, Gary Hume, Bethan Huws, Bertrand Lavier, Camille Henrot, Fritz Hauser et Elizabeth Peyton, à l’initiative de Bice Curiger.

Dès l’entrée, le portail de Bertrand Lavier affichant la signature de Vincent van Gogh apparaît comme un premier signe de reconnaissance du bâtiment de la Fondation Vincent van Gogh Arles. Un second – les agglomérats de verres multicolores et étincelants installés sur le toit de la verrière, œuvre de Raphael Hefti – évolue imperceptiblement à mesure que progresse la lumière du jour, jouant de variations kaléidoscopiques toujours neuves.

Un aspect non négligeable de la présentation de l’exposition Van Gogh, a été confié à l’artiste anglais Gary Hume : c’est le choix de la teinte des murs. En coloriste raffiné – comme en atteste de la façon la plus convaincante son œuvre picturale – Hume établit ainsi un véritable dialogue artistique avec Van Gogh.

Van Gogh incarne un mythe très répandu de l’artiste, particulièrement reflété par la culture populaire. Curieuse ironie de l’histoire que celle de voir le soi-disant solitaire, l’incompris, devenir à ce point l’artiste « compris de tous » par excellence ! Ou, comme l’a formulé Thomas Hirschhorn, devenir celui qui a créé un art pour le public « non-exclusif ». À cet égard, la grande popularité dont jouit Van Gogh en Asie est très significative : elle prend en grande partie sa source dans le regard fasciné qu’il a porté, à la fin du XIXe  siècle, sur les formes artistiques développées au Japon.

Parallèlement, Van Gogh représente la personnification de valeurs qui nous servent aujourd’hui encore de repères. Hirschhorn les nomme « autonomie » et « force de transformation ». Quoi qu’il en soit, ce sont des valeurs profondément ancrées dans la conception moderne de l’art.

Pour sa nouvelle grande œuvre à Arles, Thomas Hirschhorn s’est projeté dans une jeune japonaise d’aujourd’hui, qui s’intéresse de façon obsessionnelle à Van Gogh. Être « fan », pour Thomas Hirschhorn, est l’expression d’une positivité, une posture d’amour et d’absence de préjugés. L’inverse du nihilisme et de la négativité. C’est également un acte de résistance, car la jeune femme, là où d’autres s’enthousiasment pour les marques et la consommation, a choisi Vincent. Et se retrouve, dans une situation chaotique, à rechercher son essence, qu’elle perd de vue à mesure qu’elle s’en approche.

« Artists interpret the world and then we interpret the artists » proclame un néon de Bethan Huws. Bien que produite hors du contexte de « Van Gogh live ! », cette phrase semble taillée sur mesure pour Van Gogh. Elle circonscrit une sorte de hiatus et de renversement de perspective, où l’art puise sa force durable. Avec Bethan Huws, nous nous demandons dans quelle mesure le monde de Vincent (c’est ainsi qu’il signait ses tableaux à Arles) et nous-mêmes, son public, avons changé au cours de l’histoire ininterrompue de son influence. Et dans quel conditionnement vis-à-vis de son oeuvre nous nous sommes égarés.

Et lorsque les vitrines de Bethan Huws avec leurs bateaux en brins de jonc pliés sont présentées au voisinage direct de Van Gogh, elles apparaîtront peut-être à certains comme des hachures, comme des lignes devenues tridimensionnelles et comme un jeu facétieux hors des genres : dessin ou sculpture ? Pour prolonger cette interrogation, « Zone », le film de Bethan Huws, renvoie à Duchamp, car les captations filmées d’oiseaux sont autant de readymades que l’artiste présente comme sa lecture d’un poème d’Apollinaire.

Guillaume Bruère, alias GIOM, dessine et donne à cette expression une apparence élémentaire. Le trait est agité, saccadé et immédiat, et l’intensité des couleurs confère à son œuvre une grande puissance expressive à plusieurs titres. Sans sacrifier à une conception dépassée de l’expressivité, Bruère s’empare du dessin comme d’un instrument pictural, à la recherche d’une friction communicative avec la vie – et avec le public.

Dans la peinture d’Elizabeth Peyton, intimité et force d’évocation des images jouent également un rôle capital, déployant un sens subtil de la psychologie et de l’atmosphère. L’attention est principalement dirigée vers les humains, les fleurs et les natures mortes. Les œuvres sont de format plutôt petit, ce qui parie sur le fait qu’elles développeront la puissance de gemmes flamboyantes.

Schraffur, (Hachures) est le nom que le percussionniste Fritz Hauser donne à une part importante de son travail. Pour cette exposition, il a conçu dans l’escalier de la Fondation une installation sonore. Ici, les hachures ont été effectuées à même la peinture argentée des murs, avec diverses mines, mais aussi au sens premier du terme, en tant que « rayures » ou « gravures ». Les sons et les bruits produits, enregistrés puis mixés, composent désormais une installation sonore dans l’escalier. Et apparaît comme une paraphrase sonore de la gravure japonaise de Utagawa Hiroshige, « Le Pont Ohashi et Atake sous une averse soudaine » (que Van Gogh a lui-même paraphrasée avec l’un de ses tableaux) en jouant des associations avec la pluie.

Dans un entretien1, Camille Henrot cite Van Gogh comme une grande source d’inspiration, notamment les gestes fixés par les tableaux et leur agitation intérieure et psychique. Dans son « Dying living woman » (2005), un « found footage » remanié, le personnage féminin est constamment effacé par des hachures rajoutées, « comme une flamme qui marque une absence », et qui, par sa forme, rappelle aussi les arbres de Van Gogh.

Reste la question de savoir s’il existe un noyau qu’on pourrait approcher, question que l’on pourrait comparer à celle que soulève Camille Henrot avec ses travaux d’Ikebana : « is it possible to be a revolutionary and like flowers ? » Est-ce la force d’attraction intacte et l’authentique et toujours enthousiasmant plaisir de voir que nous communique Van Gogh, comme il l’exprime dans une lettre à son frère Theo le 25 septembre 1888 ? « Tant que durera l’automne je n’aurai pas assez de mains, de toile et de couleurs pour peindre ce que je vois de beau.  »

1. Catalogue de l’exposition « Van Gogh Live ! ».

Galerie d’images

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Indoor Van Gogh Altar (2013) de Thomas Hirschhorn

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